Comme toute chose, il y a deux tendances humains qui s’affrontent à propos de la permaculture : la connaissance, le savoir, sont-ils des communs universels inappropriables ou sont-ils la propriété d’un ou quelques individus pouvant en tirer un profit lucratif et dicter la conduite à tenir à tous les autres ? Laquelle de ces 2 propositions correspond le plus à l’éthique permacole ?

A Brin de Paille nous pensons que la permaculture appartient à tout le monde et que les tentatives d’appropriation privée ne sont pas de bonne augure et contredisent le pilier éthique de “répartition juste des richesses”.

La connaissance, c’est-à-dire la somme des savoirs acquis par l’Humanité, est un commun car personne ne repart jamais de zéro. Aucune découverte n’est le fait d’une personne, car aucun humain n’existe par lui-même. On prend ce que les autres ont fait et on l’améliore, chaque humain bénéficie des savoirs et du travail des autres. Sans tous les humains du passé et du présent, il est impossible pour une personne même géniale d’inventer quoi que ce soit. La plupart du temps le processus créatif est un processus social même lorsqu’il parait individuel, il se nourrit du vécu. Chacun.e n’est qu’une somme d’interactions interdépendant.e de facteurs non maitrisés. L’appropriation des idées, la “propriété intellectuelle” est un processus d’accaparement par une minorité, souvent au bénéfice d’une famille. Le côté héritable de ce droit de propriété est très révélateur de l’intention inégalitaire de départ.
Le libre accès à la connaissance est une denrée menacée. Il existe de forts groupes d’influence qui n’ont aucun intérêt à ce que la connaissance soit libre et accessible à toustes. Notamment parce qu’ils veulent la monétiser – ce qui peut se défendre sur le plan individualiste mais n’est pas souhaitable pour l’humanité. C’est quelque chose qui risque de nous retarder plutôt que de permettre d’avancer.

Et pourtant, c’est parfois les cordonniers qui se chaussent le plus mal. Ainsi, pendant longtemps Bill Mollison a prétendu avoir les droits d’auteur sur le mot permaculture et ses livres affirmaient  « Le contenu de ce livre et le mot permaculture sont protégés par copyright ». Ces déclarations ont été acceptées au pied de la lettre au sein de la communauté permaculturelle. Finalement Mollison a reconnu qu’il s’était trompé et qu’il n’existe pas de protection du droit d’auteur sur le mot et l’idée de permaculture.

En 2000, l’institut de permaculture de Mollison des États-Unis a cherché à déposer une marque pour le mot permaculture, lorsqu’il est utilisé dans les services éducatifs tels que des cours, séminaires ou ateliers. La marque déposée aurait permis à Mollison et à ses deux instituts de permaculture (un aux États-Unis et un en Australie) de définir des lignes directrices exécutoires sur la façon dont la permaculture pourrait être enseignée, et qui pourrait l’enseigner, en particulier pour son cours certifié de permaculture. Ce dépôt a échoué et a été abandonné en 2001. Toujours en 2001, Mollison a tenté de déposer une marque en Australie pour les termes « cours certifié de permaculture » et « conception permaculturelle ». Ces demandes ont été toutes les deux retirées en 2003. En 2009, il a fait la même tentative pour ses deux livres Permaculture – A Designer’s Manual et Introduction to Permaculture. Ces demandes ont été retirées en 2011. Il n’y a jamais eu de marque déposée du mot permaculture en Australie.

En 2013, en France, Olivier Barbié a demandé à déposer la marque permaculture à l’INPI et cette marque a été publiée. Mais cela n’a pas d’impact sur l’utilisation du concept qui n’est pas appropriable.

Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Permaculture#Droits_d’auteur_et_marque_d%C3%A9pos%C3%A9e