À l’occasion de nos « estivales 2025 » à Terre Rouge dans la Drôme, nous avons accueilli Steve Read et Sara Weber pour quelques jours. Steve a proposé, dans le cadre de notre fonctionnement en « Forum Ouvert » de nous partager sa vision de l’arrivée de la permaculture en France. L’intention de cet article est de restituer le plus fidèlement possible les propos de Steve Read. Rappelons que le site de brin de paille contient une section participative qui invite tout un chacun.e à écrire l’histoire de la permaculture en France : https://brindepaille.permaculture.fr/permaculture/

L’une des premières figures de la permaculture en France est Emilia Hazelip, agronome et naturaliste espagnole. À la suite de sa lecture de « Permaculture One – A perennial agriculture for human settlements » de Bill Mollison & David Holmgren, elle a contribué avec le couple Darlington, tout juste arrivés en France, à l’organisation des deux premiers « Cours de Conception en Permaculture », organisés en 1985 et 1986. Ces deux premiers cours ont rencontré un franc succès et ont été fondateurs du réseau permaculturel français.

Par ailleurs, Emilia pratiquait le « jardinage synergique », c’est à dire des cultures sur de grandes buttes. Bien qu’elle ait toujours dit qu’il ne s’agissait pas de permaculture, le raccourci « permaculture égale culture sur buttes » trouve là son origine ! 

Parallèlement, l’agriculture naturelle basée sur les travaux du jardinier-philosophe japonais Masanobu Fukuoka (auteur de l’ouvrage « la révolution d’un seul brin de paille ») fait son apparition en France. Il y est notamment développé les pratiques de rotation des cultures céréalières, associées à l’introduction des canards dans le système. Marc Bonfils a été le pionnier pour mettre en pratique cette agriculture naturelle dans le nord de la France. 

Sorti en 1988, le livre de Bill Mollison « Permaculture : a designer’s manual » qui n’est toujours pas traduit en français a beaucoup marqué les esprits. Dans les années 90, en s’appuyant sur ces travaux, Steve Read et Pascal Depienne travaillent ensemble pour promouvoir la permaculture en France. Ils s’impliquent dans différents projets locaux et internationaux tout en organisant de nombreux CCP en France. 

En 2007, ils fondent l’association Brin de Paille,  qui sera suivie, en 2008 par la création de l’Université Populaire de Permaculture. Ainsi deux structures complémentaires voient le jour : Brin de Paille, tournée vers le grand public et l’UPP vers la voie professionnelle. 

L’UPP a alors pour objectifs de créer un cadre garantissant la qualité des formations et de promouvoir la voie professionnelle de la permaculture, avec la mise en place d’un parcours d’apprentissage. 

Dans les années 2010, des Centres de Démonstration et de Formation à la Permaculture (CDFP) se créent localement. Des rencontres festives (Permafest) sont organisées en 2008 en Bourgogne et en 2009 en Belgique. Ces deux événements connaissent une très forte fréquentation et ils permettent aux permaculteurs.reuses de se rassembler. Ces rassemblements deviennent les Rencontres Nationales de la Permaculture à partir de 2011. Dès lors, elles seront organisées par Brin de Paille. 

Aujourd’hui, comme beaucoup d’entre nous, Steve constate la perte de vitesse de la permaculture en France. Pourtant nous n’en avons jamais eu autant besoin pour faire face aux bouleversements écologiques et sociaux qui ébranlent notre société. 

Comme nous le rappelle Steve, la permaculture offre des solutions à très grande échelle, comme la pratique de l’agriculture régénérative, portée par l’Australien Darren Doherty. 

Pour Steve, il est essentiel que l’ingénierie, les stratégies et les techniques de permaculture trouvent leurs places localement. Il travaille actuellement à cela à partir des objectifs de l’ONU pour le développement durable, avec son projet intitulé « Max13 ».