Comment Définir Un concept aussi évocateur que flou ?
Le terme permaculture a le pouvoir de faire naitre quasi instantanément des images et de renvoyer à des imaginaires. Mais ceux-ci sont remplis de conceptions intuitives (Insérer info bulle). Sous son aspect fédérateur, n’y a t-il pas autant de définition de la permaculture que de personnes faisant partie de ce milieu social ? Afin de ne pas enfermer la pensée dans une définition autocentrée, nous te proposons d’en consulter plusieurs, voire d’écrire la tienne.
STARHAWK
La permaculture est un système de conception écologique, un ensemble d’éthiques et de principes qui nous guident dans le développement de systèmes humains capables de répondre à nos besoins tout en régénérant l’environnement naturel qui nous entoure. Bien que les systèmes de culture alimentaire soient probablement sa principale application, il peut également être appliqué aux […]
Graham BELL
La permaculture est la conception consciente et l’entretien des systèmes de production agricole qui ont de la diversité, la stabilité et la résilience des écosystèmes naturels. Il est l’intégration harmonieuse du paysage avec des personnes fournissant leur nourriture, l’énergie, le logement et d’autres besoins matériels et non-matériels d’une manière durable.
SERVANE BOURSIER
“On pourrait dire qu’il s’agit d’un cadre conceptuel pour travailler sur les systèmes naturels et humains, adapté à une hypothétique future décroissance. On pourrait dire également qu’il s’agit de la méthode de conception qui découle de ce cadre.”
BENOIT SAGNIER
“Permaculture, ensemble de pratiques culturelles capables de démontrer sur le long terme leur aptitude à prendre soin de tous les êtres vivants humains et non-humains et qui ont vocation à se substituer aux pratiques culturelles souvent dominantes qui ne prennent pas soin. Précisant que toute institution, décision ou action qui génère des privilèges et de […]
David HOLMGREN
La permaculture est un système de conception basé sur une éthique et des principes qu’on peut utiliser pour concevoir, mettre en place, gérer et améliorer toutes sortes d’initiatives individuelles, familiales, et collectives en vue d’un avenir durable.
ET EN Mots-clés ?
Pérennité ; Ethique ; Ecosystème ; Durable ; Justice ; Biomimétisme ; Décroissance…
AVANT 1970
Origine du mot
Le terme « permaculture » est un mot-valise. Il est issu de l’expression américaine « permanent agriculture » qu’utilisa l’agronome américain Cyril George Hopkins dans son livre de 1910 Soil Fertility and Permanent Agriculture. Franklin Hiram King la reprit dans son livre de référence de 1911 Farmers of Forty centuries or Permanent Agriculture in China, Korea and Japan. L’expression « permanent agriculture » sous-entend des méthodes culturales qui permettent aux terres de maintenir et développer leur fertilité naturelle. En 1929, Joseph Russell Smith a résumé sa longue expérience de cultures pour l’alimentation humaine et animale avec des fruits et des noix dans le livre Tree Crops: a permanent agriculture.
Le terme « permaculture » lui-même a été utilisé pour la première fois par Bill Mollison et David Holmgren dans leur livre Permaculture One paru en 1978.
Influences
L’Australien Percival Alfred Yeomans introduisit dans les années 1950 la méthode des contours (« Keyline Design ») comme méthode d’approvisionnement et de distribution en eau d’un site. Cette approche de l’aménagement influença fortement les fondateurs de la permaculture.
Jusqu’à ce que Bill Mollison rencontre Masanobu Fukuoka en 1973 et lise son livre La révolution d’un seul brin de paille (1975, traduit en anglais en 1978), il se demandait comment intégrer de manière satisfaisante les céréales et les légumineuses dans la permaculture. Les travaux du Japonais en agriculture naturelle le mirent sur la voie.
Howard T. Odum eut aussi une influence importante, surtout pour David Holmgren : le travail d’Odum a surtout porté sur l’écologie des systèmes, en particulier le principe de puissance maximum, duquel découle l’idée cardinale que les écosystèmes tendent à optimiser l’utilisation de l’énergie.
Une autre influence précoce est due aux expériences et ouvrages de Ruth Stout aux États-Unis et d’Esther Deans en Australie, pionnières des méthodes de culture sans travail du sol.
Mais l’idée est beaucoup plus ancienne, ainsi que le décrit Christophe Gatineau dans son ouvrage Aux sources de l’agriculture, la permaculture : illusion et réalité. Il explique qu’aux xviie et xviiie siècles sont déjà publiés des ouvrages de précurseurs de la permaculture. Ainsi, L’Agronome, ou dictionnaire portatif du cultivateur de Pons Augustin Alletz mentionne dès 1760 que :
« C’est une chimère que de prétendre donner une méthode d’Agriculture générale : il en faudrait une différente pour chaque province ou chaque canton ; car chaque province ne doit travailler à perfectionner que ce qu’elle possède, et ne faire d’essais que sur les productions analogues à son terroir. »
« … C’est donc une nécessité pour le progrès de l’Agriculture de ne suivre que des exemples tirés d’un terrain, qu’on sait être semblable à celui qu’on veut fertiliser. ».
La synthèse des années 70-80
Au milieu des années 1970, les Australiens Bill Mollison et David Holmgren commencèrent à développer des idées pouvant être utilisées pour créer des systèmes agricoles stables. Ce travail résultait de leur perception d’une utilisation toujours plus importante de méthodes agro-industrielles destructrices qui polluaient l’eau et la terre, réduisaient la biodiversité et érodaient des millions de tonnes de terres auparavant fertiles. Une approche appelée « permaculture » fut leur réponse et fut rendue publique pour la première fois avec la publication en 1978 du livre Perma-Culture 1, une agriculture pérenne pour l’autosuffisance et les exploitations de toutes tailles.
Après la publication de Permaculture One, Mollison et Holmgren affinèrent et développèrent leurs idées par l’application de leur méthode. Selon Holmgren, ils mirent en œuvre « la conception consciente de paysages qui miment les modèles et les relations observés dans la nature, visant à obtenir une production abondante de nourriture, de fibres textiles et d’énergie pour satisfaire les besoins locaux. ». Cette information est structurée dans des livres plus détaillés, à commencer par Permaculture 2. Mollison enseigna dans plus de 80 pays et son cours certifié de 72 heures fut suivi par des centaines d’étudiants.
La permaculture se développe dans le monde avec la création d’instituts, de revues et de projets d’aide au développement avec Declan Kennedy en Allemagne, Robyn Francis en Australie et Rosemary Morrow dans de nombreuses contrées.
Le formateur anglais en permaculture Patrick Whitefield, suggère qu’il y a deux mouvements de permaculture : la permaculture originelle (agriculture permanente) et la permaculture de design (conception de systèmes adaptés à tous les aspects de la vie).
LA REFLEXION ETHIQUE
La permaculture propose de s’appuyer sur une éthique, C’est un ensemble de valeurs fondamentales qui gouvernent la réflexion et l’action.
L’éthique de la permaculture peut être résumée ainsi :
- prendre soin de la nature (les sols, les forêts, l’eau et l’air) ;
- prendre soin de l’humain (soi-même, la communauté et les générations futures) ;
- partager équitablement, limiter la consommation et la reproduction et partager le surplus.
LES PRINCIPES
Bill Mollison et de David Holmgren ont proposé d’utiliser des principes directeurs visant à penser un écosystème dans sa complexité. Conçus pour un cadre agricole, les principes peuvent s’appliquer aux autres domaines ou être adaptés. Ils ne constituent pas un dogme mais une base de départ. Chaque pratiquant de la permaculture peut ajouter de nouveaux principes qui enrichissent ceux des origines.
Parmi ces principes, tirés de l’observation de systèmes naturels résilients, on peut citer :
- favoriser la diversité ;
- valoriser les bordures ;
- observer et interagir ;
- capter et stocker l’énergie ;
- obtenir une production ;
- appliquer l’autorégulation et accepter la rétroaction ;
- favoriser les ressources renouvelables ;
- les déchets des uns sont les ressources des autres ;
- intégrer plutôt que séparer ;
- travailler avec la nature ;
- le problème est la solution ;
- chaque élément remplit plusieurs fonctions ;
- chaque fonction est remplie par plusieurs éléments ;
- prendre la responsabilité de sa propre vie maintenant…
LES méthodes d’ingénierie, de conception / design
OBREDIM, VOBREDIM,…
Obredim (acronyme anglais pour Observation, Boundary, Resource, Evaluation, Design, Implementation et Maintenance) est une méthode d’ingénierie permettant de démarrer un projet concret de permaculture.
1) L’observation permet de récolter des informations qui serviront à comprendre le fonctionnement naturel de l’écosystème local. L’observation d’un site sur une année entière permet de considérer de multiples facteurs : la topographie, les cycles biologiques de la faune, de la flore et du sol, les vents et leurs caractéristiques, l’écoulement des pluies et leur densité, l’ensoleillement et les ombres, le débit des cours d’eau, etc.
2) Les limites (Boundaries) sont aussi bien matérielles (limites géographiques ou financières), qu’immatérielles (compétence, législation, etc.).
3) Les ressources incluent les personnes impliquées, les finances, ce que vous pouvez faire pousser ou produire dans le futur, ce que vous voulez voir et faire sur le site.
4) L’évaluation de ces trois premières étapes vous permet de préparer les trois suivantes. C’est une phase ou l’on prend en considération toutes les choses à portée de main avec lesquelles on va travailler, existantes ou que l’on souhaite avoir, et où l’on regarde en détail leurs besoins spécifiques, afin d’identifier ses propres besoins en termes d’information.
5) La conception (Design) est toujours un processus créatif et intense et l’on doit utiliser au maximum ses capacités à voir et à créer des relations synergiques entre tous les éléments identifiés dans la phase ressources.
6) La mise en œuvre (Implementation) est littéralement la première pierre posée à l’édifice, quand on aménage soigneusement le site en fonction de l’agenda décidé.
7) La maintenance est nécessaire pour garder le site à son maximum de santé, en faisant des ajustements si nécessaire.
Une bonne conception évite d’avoir à recourir à des ajustements majeurs. Le design est une méthode d’amélioration continue et nécessite de se poursuivre tout au long de la vie du projet.
D’autres phases peuvent compléter cette méthode :
La Vision ou But : c’est ce qui guide le concepteur, c’est de savoir pourquoi on fait un design, pour quels besoins, pour quelles finalités (une transition vers quel paradigme ?).
Evaluation : une fois le design mis en place, il peut être judicieux de faire son évaluation, de voir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas
Amélioration : (Tweak) améliorer la conception en corrigeant les erreurs, en maximisant certains éléments ou fonctions, en intégrant de nouveaux éléments.
Exemples de design
Portfolio accréditation Pascaline Boyron
Paysagiste-conceptrice, diplômée de l’École du Paysage de Versailles, et j’exerce au sein du collectif les Saprophytes, que j’ai co-fondée en 2007, animé par l’envie de travailler en collectif, dans la pluridisciplinarité. Un premier Cours Certifié de Permaculture avec Antoine Talin entame sa formation permanente, à travers le projet “Des Unités de production Fivoises” et celui […]
Portfolio accréditation Yves Joignant
Dîplome de permaculture appliqué obtenue en mai 2018 durant un cours de conception de permaculture à Kerzello en présence de Judith Lasbroock, Steve Read les stagiaire et l’équipe de formation. Le but de ce porte folio et de faire acte des conceptions que je peux réaliser, mais également dans le partage des connaissances et la gratuité […]
Exemple de conception permaculturelle proposé à TIR Penrhos ISAF
Tir Penrhos Isaf est une propriété de sept acres située à Coed y Brenin (Pays de Galle). La terre forme une petite vallée suspendue bien abritée, s’ouvrant au sud, entre quatre et cinq cents pieds au-dessus du niveau de la mer. Il est bien accessible depuis une route publique et est bien arrosé par plusieurs […]
DANS QUEL PARADIGME émerge la permaculture ?
- Le libéralisme
- Le christianisme
- Le communisme
- L’anarchisme
- La Science
- L’ésotérisme
- Le complotisme
- L’individualisme
- …
Des Histoires de la permaculture ?
Une histoire courte et incomplète de la permaculture
En 2007, Steve Payne et Russ Grayson ont été approchés par le magazine New Internationalist pour écrire une brève histoire du système de conception de la permaculture.
ne version de l’histoire de la permaculture (en anglais) :Une histoire à co-écrire ?
EN FRANCE DEPUIS LES ANNEES 80
La permaculture semble arriver en France assez tardivement en comparaison d’autres pays anglosaxons européens.
- 2008 : création de Brin de Paille
- 20 : 1ère Rencontres Nationales de Permaculture
- 2013 : création des Estivales de Permaculture à Montreuil par l’association PermaMontreuil (93)
- 2022 : 8ème Rencontres Nationales de Permaculture organisée par Brin de Paille à côté de Tours (37)
- 2023 : les journées de la permaculture du 6 au 14 mai partenariat UPP / Brin de Paille
A l’international depuis les années 80
- 2002 : parution du livre de David Holmgren : a Permaculture: Principles and Pathways Beyond Sustainability
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2005 : 7ème Convergence internationale en Croatie
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2017 : 13ème Convergence Internationale en Inde
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2022 : 14ème Convergence Internationale en Argentine
Et maintenant – En France
2023 : 9ème Rencontres Nationales de Permaculture à Cornil (19) du 17 au 20 aout
2024 : 10ème Rencontres Nationales de Permaculture – Consultez la page RNP 2024
Et maintenant – A l’international
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- 2024 : 15ème Convergence à Taïwan
La fin de l’histoire ?
Les membres actifs de BDP veulent aller plus loin dans cette compréhension en la confrontant au réel de notre société, des types de nos relations, de la manière dont on s’organise etc… La manière même dont la perma est diffusée en France entre parfois en contradiction avec l’étique et les principes de la perma. Nous voulons inviter les permaculteureuses à décortiquer, bousculer, remettre en question notre approche et notre compréhension de la perma